La bière à Munich : quelle histoire !

Pour comprendre l’histoire de la bière à Munich, rien ne vaut un détour par le Musée de la bière, le Bier-und Oktoberfestmuseum. Dans une ruelle entre Marienplatz et Isartor, il occupe la plus vieille maison de Munich, datée de 1340. Ouvert en 2005 par le patron de la brasserie Augustiner, il présente, à la manière d’un écomusée, le quotidien lié à la bière à travers les siècles. Voici comment devenir incollables sur ce sujet typique de Munich.

Définition de la bière

Ne tournons pas autour du broc, le fameux Maβ… Finies les extravagantes recettes à la jusquiame ou à la belladone, plantes éminemment toxiques. Depuis 1516 et la « norme de pureté », la fameuse Reinheitsgebot qui a fêté dignement ses 500 ans en 2016, on trouve dans une bière de Munich les trois ingrédients suivants :  l’orge, le houblon et l’eau. Dans ce cas on obtient une Helles. C’est d’ailleurs la bière que l’on trouve à la Fête de la Bière ou Oktoberfest. La Helles se vend ainsi chaque année à raison de 7 millions de litres en 15 jours – petits brasseurs s’abstenir…

On peut aussi ajouter de la levure et remplacer l’orge par le blé, on obtient alors une Weissbier. D’ailleurs, à ce propos, pas la peine de faire les malins avec votre allemand scolaire qui vous incite à commander une bière blanche. La Weissbier n’a rien à voir avec la couleur. Son nom est dérivé de Weizen, le blé.

Qu’importe le flacon…pas si sûr !

Pendant longtemps les cruches étaient en grès, une matière bien solide mais peu transparente, qui laissait planer une certaine ambiguïté sur le niveau de remplissage, pas suffisamment visible. De plus, jusqu’à la fédération de l’Allemagne en 1871, chacun y allait de son unité de mesure. En Bavière par exemple le Mass contenait 1.069 ml de bière.

Mais heureusement l’esprit germanique s’est réveillé…Depuis 1871 les contenants ont été réétalonnés et 1 Maβ correspond désormais à exactement 1,0 Litre. C’est plus propre, non ?

Oui, d’accord, mais qu’en est-il de la quantité de bière et de la quantité de mousse ? Hé, hé, là aussi, on a remis bon ordre dans ces imprécisions. Une norme, beaucoup plus récente celle-ci puisqu’elle date des années 1980, a équilibré tout cela en créant l’Eurokrug, la cruche européenne. Ainsi l’espace entre le bord de la cruche et le niveau de la boisson ne doit pas dépasser 15 mm. Pour vous rendre compte de toutes ces subtilités, rendez-vous au Musée de la bière !

Production, conservation, transport

Ce sont d’abord les moines qui ont inventé la bière, en particulier pour trouver un Ersatz au Carême… Le Pape ne voyait en effet aucun inconvénient à boire pendant cette période de jeûne.

Mais la bière est sensible aux écarts de température et se conserve mal. Les brasseurs trouvent alors l’astuce des châtaigniers. Leur feuillage dense procure une ombre rafraîchissante et leurs racines sont peu profondes. De fait, les brasseurs entreposent leur bière dans des caves surmontées par des châtaigniers, refroidisseurs naturels.

Produite uniquement en hiver, pour favoriser sa conservation, la bière se dégustait après quelques mois de stockage, en mars de l’année suivante. Aujourd’hui, où la bière est produite tout au long de l’année, un événement met en valeur la bière de mars, plus fortement alcoolisée, la Starckbier, ou Salvator. C’est la Starckbierfest.

Et jusqu’à l’invention du réfrigérateur par Carl von Linde, à Munich, la bière ne pouvait pas se transporter. Cette invention a fondamentalement boosté la production, la conservation et le transport de la bière munichoise. Bier.Macht.München, exposition de 2016 au Stadtmuseum, expliquait l’impact de cette invention avec brio.

Dégustation

Le Musée de la bière n’étanche pas seulement votre soif d’information, il étanche aussi votre soif tout court. Faîtes-vous plaisir et prenez le ticket combiné, sur réservation, visite guidée + dégustation. Vous pourrez ainsi faire la différence entre la mousse, la couleur, l’amertume ou les arômes dans le Bierstüberl, la taverne du rez-de-chaussée.

Et si vous restez sur votre soif, revenez à l‘Oktoberfest ! Vous apprendrez aussi dans le Musée de la bière l’origine de cette fête.

Le mariage du Prince héritier bavarois Louis et de Thérèse de Saxe-Hildburghausen en septembre 1810, devait, selon les souhaits princiers, devenir une fête nationale pour unifier le peuple. 5 jours après ce mariage, la cavalerie organisa une course de chevaux sur une prairie, ou Wiese, devenue Theresienwiese. Les grandes brasseries munichoises y installèrent ensuite leurs tentes, plus festives que les courses de chevaux, plus lucratives aussi. La première fut Schotthenhammel, en1867. Le Musée de la bière présente à cet égard une exposition temporaire sur les 150 ans de Schottenhammel à l’Oktoberfest. 

A la Fête de la Bière vous ne pourrez déguster QUE la bière produite à Munich, soit les marques Augustiner-Braü, Spaten-Franziskaner, Hacker-Pschorr, Paulaner, Löwenbraü et Hofbraü, seules brasseries autorisées. 

Prost ! 

Agnès Tondre

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