Presque 50 ans après, que reste-t’il des J.O. de 1972 à Munich ? Non seulement un splendide parc olympique devenu une base de sports et de loisirs très fréquentée par les Munichois. Mais aussi un village olympique reconverti en logements pour étudiants. Enfin, il a servi de tremplin au développement économique de la ville de Munich. S’il n’y avait pas eu l’attentat palestinien, « septembre noir », la réussite aurait été totale. Retour sur l’histoire de ces Jeux Olympiques et sur quelques faits marquants.
Objectifs des J.O.
En 1966, le CIO choisit Munich pour organiser les Jeux Olympiques d’été de 1972. Or, dans l’histoire allemande, les J.O. sont très marqués politiquement : ceux de 1916 ont été annulés pour cause de WWI, ceux de 1936 ont préfiguré la WWII. Pendant ces Jeux de 1936, on constata avec force la confusion des genres : sport, politique et propagande, comme le montre Leni Riefenstahl dans son film documentaire sorti en 1938 « Les dieux du stade« .
Alors en 1972, 16 ans seulement après la constitution de la République fédérale d’Allemagne, l’enjeu était de taille. Aucune allusion à une quelconque idéologie, aucune exaltation de la puissance (de l’athlète, du système, du peuple) mais plutôt un retour aux valeurs humaines, tel était le concept fondateur de ces J.O.
D’après Gottfried Knapp, critique d’art contemporain allemand, « le site olympique de Munich est perçu dans le monde entier comme un symbole architectural de la liberté intellectuelle et de la joyeuse ouverture d’esprit que les Allemands ont acquises après la dictature et la guerre. Les bâtiments olympiques pourraient être qualifiés de véritables monuments de la République fédérale.«
L’architecture du parc et des installations est remarquable. L’architecte Frei Otto a réalisé le surprenant toît du stade, selon le concept de surface minmale, très futuriste pour l’époque et toujours aussi esthétique 50 ans après. Pour ce qui est des installations olympiques, l’objectif était de favoriser le sport et les loisirs, pendant mais aussi après les J.O. Objectif atteint ! Nous sommes ici presque 50 ans plus tard et prenons toujours plaisir à profiter des installations du parc olympique !
Les réussites
Sur le plan sportif : à Munich, le nageur américain âgé de 22 ans Mark Spitz réalise l’un des plus grands exploits de l’histoire des Jeux olympiques en remportant sept médailles d’or en sept jours et sur sept courses. Son exploit est d’autant plus grand qu’il bat le record du monde pour chaque épreuve. (source Wikipedia).
Quelques chiffres : 7.134 athlètes, 121 équipes, 195 épreuves.
Les échecs
L’attentat terroriste de Palestiniens réclamant la libération de 200 prisonniers, a lieu les 5 & 6 septembre. Ce « septembre noir » a commencé par l’assassinat de 2 athlètes israéliens, dans leur résidence, puis la prise en otages de 9 autres. Lors de la fuite en hélicoptère, les 9 otages, un policier et les 5 terroristes sont abattus. Après une journée de deuil et d’arrêt des compétitions, la décision est prise : « les Jeux doivent continuer « .
La communication
Le designer bavarois Otl Aicher a créé une communication visuelle globale imaginant une mascotte, un emblème et des pictogrammes sportifs autour de ces J.O. de Munich. Il a ainsi réussi le pari de laisser une trace positive, malgré la tragédie et l’histoire allemande, de ces J.O. d’été de 1972 à Munich.
Pour la première fois, une mascotte officielle fait son apparition aux Jeux. Si vous imaginez un animal exprimant la puissance, passez votre chemin. Waldi est un teckel bigarré qui rassemble des qualités appréciées chez les athlètes : résistance, ténacité et agilité. Rien à voir avec l’aigle dominateur utilisé par le régime nazi. Et ses couleurs, très pop art des années 1970, participent de la gaieté engendrée par l’événement.
L’ emblème des J.O. de 1972 à Munich est une couronne de rayons de lumière. Il se veut symboliser lumière, fraîcheur et générosité.
Enfin, Otl Aicher a également inventé les pictogrammes sportifs, réalisés selon une charte graphique très étudiée, permettant ainsi une communication non verbale particulièrement efficace.
Pour quelles retombées ?
Le métro de Munich fut construit pour les J.O., ce qui a participé à faire passer la capitale bavaroise dans une autre dimension, plus dynamique économiquement. Cette amélioration des transports publics fut complétée après les J.O. par la construction de l’aéroport interational Franz-Joseph Strauss de Munich.
Le village olympique féminin a été attribué aux étudiants pour devenir le Bungalowdorf. Depuis, les petits bungalows, rénovés en 2009, sont toujours occupés. N’hésitez pas à y jeter un oeil, ils transpirent de créativité !
Et surtout, le parc olympique est un parc de loisirs animé encore aujourd’hui ! On peut assister au cinéma en plein air l’été et à une compétition de ski de descente l’hiver. L’ arrivée du marathon se fait dans le stade. Des concerts et des expositions s’y déroulent aussi. Et puis, tout autour on trouve du foot en salle (SoccArena), un aquarium géant (Sealife München), des bateaux, des possibilités de jeux sur le lac, des Biergarten etc.. Et, last but not least, le parc olympique offre un point de vue magnifique sur la ville et les Alpes, très apprécié au coucher du soleil.
2022 : 50 ans des J.O. de Munich
L’année prochaine les J.O. de Munich fêteront leurs 50 ans. Alors, à cette occasion, la bibliothèque nationale bavaroise (Bayerische Staatsbibliothek) proposera une grande exposition de photos, du 1er avril à septembre 2022. Vous pourrez y retrouver cette photo des hôtesses d’accueil, 1600 bavaroises, sélectionnées et formées pendant 3 mois. James Bond Girls ou Claudettes, à vous de voir ! (« Geschmacksache« )
Si vous passez dans le parc olympique, ne manquez pas de vous arrêter au point information situé juste à côté de la piscine olympique. Instructif !
Agnès Tondre