Plus que 850 kms à vélo ! Edouard Delbende et Charlélie Lecanu ont presque bouclé le Tour de la Terre à vélo. Munich est la dernière étape avant l’arrivée le 30 juin aux Invalides, à Paris. Et c’est avec beaucoup de gentillesse et de simplicité qu’ils ont bien voulu répondre aux questions de Vivre à Munich avant de retrouver la Librairie française. Pourquoi une librairie ? Parce que partout où ils sont passés, ils ont rencontré les libraires francophones. « Cyclopédie » c’est la fusion entre l’encyclopédie, ou les promesses du Livre, et le cyclisme.
Curiosité intellectuelle et esprit d’aventure, en plus du défi physique
On pourrait croire que les deux comparses ont seulement réalisé un exploit sportif.
En fait, Charlélie Lecanu et Edouard Delbende ne sont pas des cyclistes chevronnés. Mais ils sont endurants et guidés par un projet un peu fou : aller à la rencontre des libraires francophones dans le monde.
En 2016, fraîchement diplômés de l’ESCP, l’une des Grandes Ecoles de Commerce parisiennes, ils auraient pu se destiner à la Finance. Au lieu de quoi, ils ont suivi un projet entrepreneurial en accord avec leur goût pour la littérature et les rencontres internationales. Ayant déjà un peu parcouru le monde pendant leurs études (Rio, Londres, Berlin ou Hong-Kong), ils ont en effet pu apprécier le contact avec les librairies francophones.
Et le hasard s’en est mêlé, en leur faisant rencontrer l’écrivain-aventurier de talent Sylvain Tesson, lui-même parti 20 ans auparavant autour du monde avec son complice Alexandre Poussin, dont le livre « On a roulé sur la Terre » fut le déclic.
Cyclopédie en chiffres
- 15.346 km c’est le nombre de km qu’affiche le compteur de Charlélie ce 19 juin 2017 à Munich, après avoir quitté Paris le 4 septembre 2016.
- 850 km et la boucle sera bouclée.
- Une moyenne de 110 km /jour sur l’ensemble du parcours.
- Zéro problème mécanique, juste 2-3 crevaisons.
- Zéro maladie.
- 23 pays ont été traversés.
Comment vit ou survit le livre francophone dans le monde ?
Les 25 libraires francophones qu’ils ont rencontrés sont, soit des Français installés à l’étranger, soit des locaux passionnés par la langue. Ces personnes se sont révélées des personnages car elles tiennent bon, contre toute attente. Concurrencées par Amazon, obligées d’investir personnellement dans les livres auxquels elles croient, elles affrontent parfois même la censure gouvernementale, très marquée au Vietnam par exemple.
Certaines librairies, comme à Barcelone, sont « en ébullition permanente« . Exposant des BD, réalisant des ateliers de cuisine française ou des concerts, la librairie réalise 200 évènements par an.
D’autres sont valorisées par l’Institut français qui les accueille dans ses propres murs, comme à Phnom Penh. « On constate alors une synergie, tout le monde y gagne » précise Edouard.
L’importance de l’Humain
Ni fatigue ni expériences négatives ne semblent avoir pesé sur les deux cyclistes. Ils ont en effet adopté un rythme de pause d’environ une semaine tous les 10 jours, mais ils se sont surtout régénérés au contact avec les habitants qui les ont hébergés.
N’ayant pas budgété l’hébergement – leurs 30.000 euros de budget étant consacrés aux frais de vaccins, visas, alimentation et transport – Edouard et Charlélie ont fait leur Tour du monde à vélo en nomades. Ils ont été accueillis et hébergés dans des Instituts français, des casernes de pompiers, des églises, des temples bouddhistes, des pizzerias, ou encore des familles.
Comme Nicolas Bouvier, il sont apprécié le réenchantement des moments banals.
Toutes ces rencontres enrichissantes sont consignées dans leur blog. Ils préparent en parallèle un documentaire et exposeront leur démarche au Centre National du Livre à leur retour à Paris.
A la Librairie française de Munich ils ont rencontré Cecilia Estrada. Cette Mexicaine, physicienne, muséographe, et informaticienne avant d’être libraire, les a tous deux fascinés.
Vous pourrez aussi les retrouver mercredi 21 juin à 11h devant l’Institut français, Kaulbachstrasse 13, si vous désirez faire les premiers tours de roue avec eux jusqu’à Paris. Pour plus d’infos, consultez leur page Facebook.
Edouard et Charlélie conviennent que Cyclopédie a été un projet formidable. Les rencontres avec les libraires et toutes les autres parties prenantes ont été riches en enseignement. D’après leur expérience il y a toujours, partout, quelqu’un pour ouvrir sa porte à l’autre. Et ils aimeraient, un jour avoir l’occasion d’ être ce quelqu’un pour des futurs aventuriers bourlingueurs comme eux.
Agnès Tondre