Quand Elémec illustre Oscar avec brio

Pari gagné! Reprendre une pièce aussi marquée par son acteur principal, Louis de Funès, qui l’a jouée plus de 600 fois entre 1959 et 1972, et, provoquer, près de 60 ans plus tard, la même hilarité : chapeau ! Ce succès on le doit à la formidable troupe d’Elemec, et à son adaptation de cette pièce de boulevard de Claude Magnier. On peut aussi remercier le scénographe Etienne Gillig et, surtout, Bernard Louvion, metteur en scène inspiré et expérimenté.

Oscar : un rythme formidable !

L’action se déroule en une seule journée. Du matin au soir les nouvelles s’enchaînent. Rien à voir, cependant, avec une chaîne d’information ! Le comptable a escroqué son patron pour séduire la femme de ses rêves qu’il croit être la fille dudit patron mais un quiproquo entre la fille légitime, amoureuse du chauffeur de son père, Oscar, et l’illégitime, qui s’est inventé un père, finalement le sien, apporte un peu de piquant. 

La performance d’Emmanuel Zimpfer dans le rôle de Bertrand Barnier, le patron, – ce rôle joué autrefois par Louis de Funès – est brillante. Il fait preuve d’une énergie folle et d’un self-control… à la Louis de Funès !

Il est fort bien servi par son comptable, que joue Sylvain Auzoux. Et les éclats de rires « pleuvent » face aux jeux de la bonne, Charlotte Limet, de l’épouse, Claudia Mével, de la fille, Magali-Jakob-Loué, ou du kiné tout en muscles, Matthieu Charpentier.

Elemec : 31 ans de théâtre francophone de qualité

Depuis 1987, date de la création d’élémec, la troupe a enchaîné des pièces francophones avec une régularité de métronome : une par an ! Et si on voulait s’amuser un peu, on pourrait toutes les réunir dans une histoire un brin burlesque…

Georges et Georges se rendent à Frou-Frou les Bains, où ils sont invités à un dîner de cons. Mais ils l’ignorent, évidemment. C’est la soeur du Grec qui les a invités à ce petit jeu sans conséquence. Rendez-vous est pris à l’Hôtel des deux-Mondes, un Palace où ils se font servir sur un plateau l’amuse-gueule spécialité de la maison : des sardines grillées. On leur propose aussi du thé : thé à la menthe ou t’es citron, quelle ironie ! Accoudés au bar, un rutabaga swing en musique de fond, ils se laissent vite entraîner dans une nuit d’ivresse…

Bernard Louvion : un passionné de théâtre

Elémec – Hé, les mecs ! – a été créée par Bernard Louvion sur son espace de travail, l’Office Européen des Brevets de Munich. Vous connaissez l’origine de ce nom ? C’ est l’acronyme d’électricité, mécanique chimie, c’est du sérieux !

Depuis 1987 il a embauché 130 acteurs de 21 nationalités différentes. Si certains ont une formation de comédien ou rêvent de le devenir un jour, pour beaucoup il s’agit de leur première expérience de théâtre.

L’exigence dans le jeu des acteurs d’Elémec est bien là. Certains gags sont répétés autant de fois que nécessaires pour qu’ils restent dans le rythme voulu, il n’y a pas d’à-peu-près. Bernard Louvion insiste sur la différence entre l’humeur (triste, tu restes triste) et l’état (la nécessité de garder la composition du personnage de manière constante même dans une environnement changeant).

Sa passion pour la mise en scène ne l’a pas quitté depuis ce jour de 1974 où il a du assurer la tâche de régisseur dans la troupe de l’université de Metz où il étudiait. Formé par son mentor, René Jauneau, il a, depuis, cherché à se perfectionner par des stages, des lectures, une observation de tous les instants.

Il décrit volontiers la différence entre la mise en scène allemande, réaliste et fusionnelle, dans laquelle le comédien doit vivre l’émotion. Alors que dans la mise en scène latine, l’acteur fait passer l’émotion, dans une mise en scène esthétisante.

Il soigne également les décors et les accessoires – jusqu’à tester sur sa propre tête le seau à champagne qui va servir à assommer un personnage sur scène.

Si vous le rencontrez, n’hésitez pas à faire parler Bernard Louvion de sa passion pour le théâtre, c’est un talentueux porteur d’histoire !

Agnès Tondre 

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