Filles de la Vie d’Angèle Etoundi Essamba : tout sauf des clichés !

Angèle Etoundi Essamba Héritage 3 1999
Angèle Etoundi Essamba Héritage 3 1999 © A.Tondre

Filles de la Vie (Töchter des Lebens) est une galerie de portraits grand format de femmes africaines. Aucun ne ressemble à ces photos vues et revues de femmes en boubous. Subtiles, ils nous interrogent sur la vie de ces femmes au quotidien ainsi que sur la Vie en général.  Et ils nous permettent de découvrir le travail de la talentueuse photographe camerounaise Angèle Etoundi Essamba. N’attendez pas pour découvrir cette exposition qui est un bonheur pour les yeux et pour l’esprit.

La Vie des Filles

Les photos d’Angèle Etoundi Essamba témoignent de la vie des filles et des femmes en Afrique. Prises dans différents pays et sur différents lieux de travail, elles sensibilisent le spectateur sur le dur labeur des femmes. L’effort physique est constant et cela se voit sur leurs visages fermés, leurs regards vides. Qu’elles soulèvent des litres d’eau, des sacs de charbon ou de sel dans les mines, ou bien des jacinthes arrachées debout dans les marécages, elles semblent porter le poids du monde. Quand ce n’est pas en plus leur enfant, bien calé sur leur ventre pendant le travail.

Les Filles de la Vie

Plusieurs photos s’intitulent « seconde peau« . Le visage, les mains, le turban, sont noyés dans le décor chamarré de leur wax qui devient leur seconde peau. La géométrie est partout semble nous dire Angèle Etoundi Essamba.

Angèle Etoundi Essamba Bamako © A.Tondre

Du figuratif elle élabore ainsi un début d’abstraction. Ce qui conduit à se poser des questions plus philosophiques sur la Vie. Ces femmes africaines ont de la ressource. Elle apportent une profondeur. Elles sont solidaires, comme dans ce travail à la chaîne pour transporter le sel ; elles sont unies comme le montrent ces 8 mains ouvertes pour recevoir la pluie.

Vivre autrement, derrière un masque

Ne vous fiez pas aux apparences : chacune porte un masque. Angèle nous montre en noir et blanc une série de masques africains dans des mises en scènes exceptionnelles. Comme le masque permet de cacher une partie de son intimité, on prend un peu de distance par rapport au regard de la communauté, on vit autrement.

Angèle Etoundi Essamba, masque © A.Tondre

Calebasses de la Vie

Et pour célébrer la Vie rien de tel que la calebasse. Ce végétal est considéré comme un cadeau des dieux en Afrique. Il offre la possibilité de boire, manger, contenir ou faire de la musique. Et Angèle Etoundi Essamba s’en fait un allié pour décrire encore une fois la vie. Elle ose ainsi un parallèle énigmatique et merveilleux entre le ventre d’une femme enceinte et l’instrument de musique.

Angèle Etoundi Essamba, calebasses © A.Tondre

Angèle Etoundi Essamba est camerounaise et a vécu en France à partir de 8 ans. Elle est ensuite partie étudier la photographie à Amsterdam où elle habite désormais. Ses expositions font le tour du monde.

Ne manquez pas la rencontre avec Angèle Etoundi Essamba à Munich le dimanche 13 mai 2018 ! Elle sera à 11h au DOK.fest, à la projection d’un film documentaire sur « les deux visages d’une femme Bamiléké  » et à 14h au milieu de ses photos,  Fünf Kontinente Museum.

Agnès Tondre

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