Glenn, ou la naissance d’un prodige

Glenn, naissance d'un prodige, par Hervé Adeline
Hervé Adeline in Glenn, naissance d'un prodige, par le Théâtre Jean Renoir de Munich

Que feriez-vous si votre enfant s’avérait être un surdoué? Comment pourriez-vous accueillir ses différences? Avec détachement ? Ou bien avec une mentalité d’éleveur de pur-sang ? « Glenn, naissance d’un prodige » explore l’histoire vraie de l’éducation d’un génie de la musique.

Glenn, un prodige en gestation 

Flora Gould n’a pas laissé le choix à son génie de fils. Elle l’a, de manière obsessionnelle, façonné pour accéder au succès. Elevé à coups de dictées de notes dès l’âge de trois ans, Glenn Gould (1932-1982), doté de l’oreille absolue, a en outre fait preuve d’une rare virtuosité et « d’un style que je qualifierais de décoiffant », comme le notera un journaliste québécois.

Sensible soliste solitaire

Pianiste soliste, Glenn a révolutionné l’interprétation des Variations Goldberg de Bach. Il a logiquement connu un succès planétaire lors de ses concerts. Mais son ultra-sensibilité, sa fuite de toute activité sociale, son besoin de routine « mes habitudes ne changent jamais « , ne le prédisposaient pas à jouer la rock-star. Et, à seulement 32 ans, il a choisi de quitter la scène.

Hervé Adeline interprète avec maestria ce personnage torturé. On le voit errer, douter, se détacher de la présence des hommes. Et s’attacher, paradoxalement, à sa chaise. En effet, à la différence des pianistes classiquement assis sur un tabouret, il est assis sur une chaise pliable aux pieds télescopiques, « fabriquée par Papa ». Il s’y accroche comme à une bouée de sauvetage. 

A partir de cette histoire vraie, qui a vu triompher le génie du canadien Glenn Gould, Ivan Calbérac a créé une dramaturgie subtile. Où l’on peut toucher du doigt, ou de l’épaule comme on le verra dans la pièce, les limites de l’excellence qui isole. 

Une pièce drôle, en miroir

Malgré tout, on rit beaucoup ! Les dialogues, formidablement servis par tous les acteurs, sont percutants et drôles. Arézou Saffari-Dürr, excellente dans le rôle de Flora Gould, s’avère redoutable. Son mari et sa nièce, essaient tant bien que mal, de contrebalancer sa domination sur Glenn, sans succès. Quant aux personnages externes à la famille, ils ouvrent une fenêtre de pragmatisme, fenêtre vite refermée par peur des courants d’air, potentiellement nuisibles au prodige hypocondriaque. 

Le théâtre Jean Renoir : 20 ans de passion

Le Théâtre Jean Renoir de Munich, dirigé par Valérie et Dieter Weidenfeld, embarque tous les ans avec passion une troupe d’acteurs amateurs mais aussi professionnels. Talentueux et justes, ils nous bluffent toujours davantage par leur présence sur scène. En coulisses, il y a aussi « quatre fées » : costumière, coiffeuse, chargée de communication ou des réservations, toujours présentes au rendez-vous annuel. Et Stephan Gilbert, dont la collaboration artistique est sans cesse renouvelée – non, aucune chance, on ne vous dévoilera pas le secret du piano…

Valérie Weidenfeld a remué ciel et terre pour monter cette pièce récente, au succès reconnu puisqu’elle a remporté deux Molières en 2023. Elle a par ailleurs obtenu la copie de la chaise de Glenn. Un trésor réalisé par un Designer parisien, René Bouchara, fan absolu de Glenn Gould. Comme nous, depuis ce vibrant hommage.

Agnès Tondre

Avec : Magali Jakob-Loué, Arézou Saffari-Dürr, Hervé Adeline, Patrice Hermann, Benjamin Blondelet, Ravi Rege. Pensez à réserver vos places : https://www.theatre-jean-renoir.com/reservations-2024-glenn-naissance-dun-prodige/

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