Revue de presse #3 spéciale journée de la réunification Allemande à Dresde. Quand réunification rime avec division.
Dresde, semaine du 27 sept. au 3 oct. Attentats, Pegida et Réunification. A l’heure où l’Allemagne est divisée sur la politique controversée d’Angela Merkel au regard des réfugiés, y-a-t’il un sens d’y fêter la journée nationale de la réunification (Tag der Einheit ou Wiedervereinigung) ? Voici la question que se pose la presse Allemande en ce 3 octobre 2016.
#1 Süddeutsche Zeitung : Y-a-t’il un sens à célébrer ce 3 octobre à Dresde ?
Au vu du double attentat de lundi 27 Septembre à Dresde, dont une bombe visant une mosquée et des impressionnantes manifestations Pegida ces derniers mois dans la ville symbole de la réunification Allemande, la Süddeutsche Zeitung pose la question du « bien-fondé » d’y célébrer le 26ème anniversaire de la réunification en titrant : « Thérapie de groupe. Ambiance nauséabonde, discussions sans fin et nouveaux attentats explosifs, est-ce vraiment une bonne idée de célébrer la journée de la réunification à Dresde ? «
Et la Süddeutsche Zeitung d’introduire son article en rappelant les mots de la chancelière Angela Merkel il y a quelques temps dans l’émission « Bericht aus Berlin ». Le présentateur de l’époque interrogea la chancelière au sujet de l’état de l’unité allemande. Celle-ci répondit « l’unité Allemande est gelingbar ». Gelingbar n’existe pas dans le dictionnaire allemand mais c’est un mot-valise lourd de sens dans la bouche d’une chancelière puisqu’il signifie que l’unité Allemande est « réussissable » (das Gelingen : la réussite, « bar »: ce qui est faisable). Autrement dit, malgré la chute du mur en 1989 et la réunification officielle du 3 octobre 1990, die deutsche Einheit n’est pas encore une réalité. Et malheureusement le climat actuel de 2015-2016 remet en doute le « Gelingbar » d’Angela Merkel.
Article complet de Cornelius Pollmer dans l’édition papier SZ du week-end du 1-3.10.2016
Note : Vivre à Munich a fait le tour des kiosques en ce long week-end férié et n’a pas trouvé un journal ou magazine (SZ, TZ, Abendzeitung, der Spiegel, Stern…) titrant sa Une au sujet de la fête nationale du 3 octobre : autre symptôme d’une Allemagne « mal à l’aise » sur le sujet de l’unité en 2016.
#2 Bild.de : Manifestations Pegida du 3 octobre 2016 à Dresde – le ministre de l’économie de la Saxe révolté.
Ce matin, Bild.de revient sur la manifestation de Pegida le jour de l’unité Allemande hier à Dresde. Le vice-ministre-président et ministre de l’Économie de la Saxe (SPD) Martin Dulig s’insurge contre les grossièretés racistes déclamées dans les rues de Dresde en ce jour de fête nationale. « Pegida a fait tombé le masque. C’est une secte de haine avec un prédicateur fielleux à sa tête. » M.Dulig parle du fondateur du mouvement Pegida Lutz Bachmann. Lors de cette journée, plusieurs paroles et gestes ont montré le visage de Pegida; ainsi un homme de couleur noire se rendant à la messe s’est fait agresser verbalement par des cris de singe accompagnés de « dégage » par les membres de Pegida positionnés devant l’église.
#3 Zeit.de : Journée de la réunification – Encore un mauvais jour pour Dresde.
Die Zeit.de sous-titre : La ville symbole de la réunification de l’Allemagne avait promis de se montrer sous un beau jour. C’était sans compter sur les rugissements de Pegida. Là encore, la presse met l’accent sur les troubleurs de fête. Die Zeit a fait un reportage complet, heure par heure dans chaque point stratégique de la ville où les membres de Pegida s’étaient rassemblés avec des slogans clamant « Merkel doit partir », « Presse mensongère », « L’Europe est une forteresse, les frontières se ferment »… Un membre de la foule tente un « Dehors les Nazis ! » mais dans le tumulte sa voix est étouffée.
Cependant, lors de cette journée de division, die Zeit.de relève un point positif porteur d’espoir et de paix : alors que Bachmanns Trupp, activiste Pegida, vocifère à la Frauenkirche de Dresde, l’association musulmane fait une journée porte ouverte à la mosquée de Fatih-Camii dans le quartier de Cotta, là-même où une bombe a explosé lundi dernier visant l’imam et sa famille, heureusement sains et saufs. Alors que Yasar Dogan, membre de la communauté musulmane de Dresde sert le thé, un des policiers présents à la mosquée lui demande si Allah est le même Dieu que celui des Juifs ou des Chrétiens. « Oui, c’est le même, répond Dogan ».
Lire l’article et voir le reportage photo de die Zeit.
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Aude Creveau
Infos Pratiques
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