Lion Fleischmann : street-artiste pittoresque

Street-art, graphe de Lion Fleischmann, Munich
L'équipe médicale vue par Lion Fleischmann © L.Fleischmann

Lion Fleischmann. Pas banal comme prénom. Et pourtant, c’est bien celui que son père lui a donné en référence au célèbre écrivain allemand Lion Feuchtwanger – auteur de « Le diable en France ». Est-ce que ce prénom l’a prédestiné à une carrière artistique ? En tout cas, c’est un grapheur (dessinateur) heureux que nous avons rencontré sur l’un des lieux qu’il a illustrés : un petit café alternatif dans le quartier de Laim. Puis nous l’avons suivi dans la réalisation de son chantier. Objectif : redonner un aspect artistique à une cabane fonctionnelle, placée devant une clinique. Voici le résultat.

Lion Fleischmann : street-artiste sur commande

Lion a beaucoup taggué, adolescent, et pas toujours dans la légalité. Mais l’ironie de l’histoire est qu’il vient de remporter en 2021 un appel d’offres de la ville de Munich, officiel donc, pour embellir une petite bâtisse, située devant la clinique de Grosshadern, à Munich. 

Habitant de ce quartier, Lion avoue, le regard pétillant, qu’à 18 ans il avait déjà tenté de tagguer ce cabanon avec une bombe de peinture verte. La police était arrivée dans la seconde et l’avait poursuivi – sans succès… S’il garde le souvenir d’un baptême du feu et d’une poussée d’adrénaline, il se satisfait, 20 ans après, de l’avoir remplacé par un beau chèque de 4.000 euros.

Lion Fleischmann, Steinchen Kulturcafé, Munich © Agnès Tondre

Des animaux personnifiés et joyeux

Sa signature, ce sont les animaux personnifiés. Dans ce café, les pigeons se sont imposés. Pour quelle raison ? « Pourquoi pas ? », répond-il, énigmatique. A Grosshadern, devant la clinique, il a souhaité mettre en scène une équipe médicale. En nous montrant les croquis préparatoires sur sa tablette il se met à rire. La pieuvre infirmière porte sur sa tête un calot, typique des années d’après guerre. Sa mère, infirmière, a exigé qu »il modernise ce chapeau, totalement démodé. Il lui a promis qu’il le ferait et…évidemment, n’en a fait qu’à sa tête…à lui !

Pigeon avec écouteur, Lion Fleischmann, Steinchen Kulturcafé © Agnès Tondre
Pigeons de Lion Fleischmann, Steinchen Kulturkafé, Munich @ Agnès Tondre

Passion, réflexion, réalisation

Comment procède-t-il ? Pour lui, la phase de préparation sur tablette est un passage obligé. Il réfléchit longuement et peaufine les détails jusqu’à ce qu’il soit entièrement satisfait du résultat. 

Pour ce cabanon de Grosshadern, Lion a attendu une météo propice, sans trop de pluie pendant 2 semaines consécutives, pour lancer son projet. Après avoir posé la première couche, l’arrière-plan, il a inscrit toute une série de symboles mathématiques. C’est sa façon d’agrandir à l’échelle le projet réalisé sur sa tablette. La bonne vieille méthode du quadrillage que connaissent les dessinateurs amateurs, mais, en plus contemporain !

Voici quelques étapes de la réalisation. Vous aimez ?

Lion Fleischmann, décor cabanon de Grosshadern © Agnès Tondre
Lion Fleischmann, décor cabanon de Grosshadern @ Agnès Tondre

Le contexte du street-art à Munich

Lion Fleischmann est bien intégré dans la scène du street-art de Munich. Mais chacun son style. Comme par exemple Loomit, célèbre figure munichoise de cette discipline. Lion admire la capacité de Loomit à dessiner sur le motif, quelle que soit la surface (plane, gondolée….) et en utilisant des restes de peinture. A la manière d’un musicien de Jazz, Loomit improvise ainsi avec ses propres ressources. 

Ailleurs aussi 

Lion Fleischmann est intervenu également pour repeindre les cellules d’une ancienne prison de Magdenburg, dans l’ex-Allemagne de l’est. Il s’y est senti utile pour aider à passer à autre chose, à effacer un passé noir. C’est exactement ce qu’a voulu faire un ancien prisonnier ayant eu vent du projet. Cet ex-prisonnier a expressément voulu remettre de la couleur dans son ancienne cellule afin d’y créer des ondes positives. CQFD.

Agnès Tondre 

* Lion Feuchtwanger : Célèbre écrivain allemand, pacifiste, ami de Brecht ; alors qu’il fuit le régime nazi, il est incarcéré par deux fois en France au camp des Milles, à Aix-en-Provence, de même que de nombreux autres ressortissants d’Europe centrale anti- ET pro-nazis. Il relate cet épisode tragique de sa vie dans « le Diable en France ».

** Vous pouvez en savoir plus sur les réalisations de Lion Fleischwann en le suivant sur Instagram

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