Comment Facebook influence la politique allemande

Le quotidien Sueddeutsche Zeitung(SZ) publie les résultats d’une étude menée sur plusieurs mois auprès de 5.000 personnes. Il a mesuré le Million de Likes publiés sur les pages des 7 partis politiques allemands candidats aux élections de 2017. L’objectif était de mesurer l’impact de Facebook sur la politique allemande. Les résultats de cette étude réalisée par Katharina Brunner et Sabrina Ebitsch viennent d’être publiés le 2 mai et gagnent à être connus. Vivre à Munich vous les décrypte.

Facebook filtre les informations

Il est désormais admis que Facebook, via ses algorithmes, diffuse des informations ciblées, filtrées selon vos préférences en tant qu’utilisateur. Cela a en effet été démontré, dès 2011, par Eli Pariser, un activiste sur Internet, précise le SZ. Eli Pariser a ainsi créé le concept de Filterblase. Le terme désigne cette sorte de grosse bulle dans laquelle les informations sont choisies et filtrées par Facebook, à vos dépens.

Facebook, acteur du marketing politique

Or, en plus d’être filtrées, les pages likées peuvent aussi être croisées pour définir les préférences politiques de chacun. Ces informations, achetées très cher, sont remontées auprès des partis politiques demandeurs. L’exemple récent le plus marquant fut celui des élections de Trump à la Maison blanche. On sait en effet que le directeur de campagne de Donald Trump a utilisé cette méthode innovante, toute mathématique et légale qu’elle soit, pour capter l’électorat et le motiver afin de gagner les élections.

Facebook, un levier pour l’AfD

Cette étude apporte cependant un nouvel éclairage sur la politique allemande. La page Facebook d’un parti politique sert de chambre d’écho auprès de ses membres et de ses sympathisants -rien de bien original, cela s’appelle la communication. Mais il existe une certaine porosité entre les partis politiques. Les informations circulent en effet entre les différents milieux, SAUF, et c’est la seule exception, avec l’AfD.
Ainsi, d’après l’étude, les posts Facebook partagés entre les sympathisants de l’AfD ne s’enrichissent pas d’informations venues d’autres partis politiques allemands. Les informations sont ainsi diffusées en vase clos, sans échange avec l’extérieur. Il en ressort que les idées les plus radicales s’auto-confortent lors des échanges via Facebook.
 
L’étude de la SZ démontre ainsi que sans Facebook, l’AfD n’aurait pas connu un si grand essor en Allemagne (« Ohne Facebook wäre der Aufstieg der AfD so nicht möglich gewesen ».)

Facebook ne doit pas être la seule source d’informations

Interrogée sur la question, Katherine Kleinen-von Königslöw, professeur de l’université de Hambourg, chercheuse en communication digitale, précise que s’informer uniquement sur Facebook peut à terme devenir « problématique ».
Au lieu de s’informer sur le monde tel qu’il est, on a tendance à présenter ses opinions selon ce qui plaît dans son groupe Facebook. (… »Man will sich präsentieren, interessiert sich weniger für das, was in der Welt wichtig ist, als für das, was in der eigenen Gruppe zählt. « ) On filtre ainsi ses propres opinions pour rester admis dans son groupe Facebook. Nul besoin, alors, d’algorithme de filtrage.
A méditer…
Agnès Tondre
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